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bébé(su)ffoque

5 mai 2014

Et tu appelles ça une vie ?

Two Men Dancing 1984 black

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5 mai 2014

Fantasmes de violence

 

mother

_J'ai beau chercher sur Internet, je ne trouve aucun article sur le sujet. Cela m'arrive de plus en plus souvent jusqu'à m'effrayer réellement. Des fantasmes de violence. Rien de sexuel là-dedans, enfin je crois. Je me projette simplement des scènes horribles où des personnes se font martyriser. Parfois, c'est en réaction à une situation précise. Quelqu'un se moque de moi et j'imagine aussitôt son visage se découper en tranches très fines. Tandis qu'il hurle, je piètine le reste de son faciès. La haine me consumme.

_Cela me prend aussi parfois sans raison précise ou juste en pensant à quelqu'un. Mon esprit est capable de torturer ainsi 3, 4 fois dans une journée. Les fantasmes sont toujours très réalistes et l'accuité dont je fais preuve me terrifie plus que toute autre chose. Etrangement, cela ne m'arrive pas quand je dors. Ces visions me laissent toujours épuisés comme si ça me demandait énormément d'énergie.

_Je ne crois pas que je pourrais passer à l'acte. C'est toujours beaucoup trop grandiloquent. Je n'ose pas en parler autour de moi et pour cause. Je vois des barreaux dans les yeux de certains. Ils sont prêts à m'interner au moindre faux pas. Je vois des seringues et je vois des murs blancs. Je me mords la lèvre en espérant contenir toute cette brutalité, cette démence qui s'empare de chacun de mes membres.

_Mais je ne peux pas éternellement lutter. L'Enfer hurle de rire. La Voix se joint à lui.

_«  La violence se définit comme une pénétration, comme un viol du Moi par une quantité insupportable de pulsions ou d'images. L'origine de toute violence réside dans la peur du Moi de n'avoir plus le droit d'exister, de n'avoir plus le droit à l'identité ou de n'avoir plus le droit de vivre. »

5 mai 2014

Prendre le train

matt furie

 

_Je suis dans le train. La tablette est trop petite. Il y a des gens qui parlent très fort une langue qui ressemble à de l'arabe. Je regarde mon reflet au-dessus duquel trône un croissant de lune. La nuit est encore très claire, d'un beau bleu qui vire au vert. Désolé, je parle beaucoup du ciel. Il n'y  personne autour de moi. Aucun visage sur lequel poser des yeux. Juste ce panneau d'affichage.

_21:09 Ottignies
_21:28 Profondsart
_21:31 Rixensart
_21:34 Genval
_21:36 La Hulpe
_...

_Un gros train de marchandise passe sur ma droite en faisant un bruit monstrueux. Rien ne se passe. J'ai envie de pleurer et je sens très fort la sueur. Ah ! Je crois qu'on va démarrer. Voilà le train est en marche. Le ciel. Toujours ce ciel. La couleur d'un début d'aurore boréale.

_La contrôleuse, une visiteuse. Cheveux gris, blanc. J'ai bu 2, 3 gorgées de jus de raisin avant de lui tendre mon titre de transport.

Soupir.

_Le même "bonsoir" qu'elle lance à chaque passager. Des lunettes noires mais fantaisie. Les portes s'ouvre et elle descend. La nuit tombe vite. Un petit coup de sifflet et c'est reparti. Plus personne ne parle arabe. Les gens sont trop loin pour que je ne perçoive leur conversation. Une raison de se réjouir.

_Rixensart. Pourquoi ça me fait penser à G. ? Est-ce qu'il vit tout près ? Je n'irai jamais vérifier. Je vais scruter le quai. Chercher des souvenirs de lui. Ses cheveux ras, blonds comme un soleil fatigué. Son unique fossette. Les quais ne me disent rien. Je n'y suis jamais descendu.

_Une maison sale, pleine de graffiti peinte en blanc avec une porte rouge sert d'arrêt. Dans le couloir, deux hommes partent en direction opposé. Le premier a les cheveux ébouriffés et plusieurs sacs de voyage qui l'encombrent dans sa marche. Pesante. L'autre a les cheveux bruns et courts, il semble irrité. Mais qu'est-ce que je pourrais bien lire dans ces visages défilants qui ne s'offrent à moi que pour une poignée de secondes ?

_Comment Virginia Woolf appelle cela encore ? Le flux de conscience ? Je ne trouve pas ça très original et surtout illisible. L'intérêt de la littérature n'est-il pas d'être lue donc lisible ? Un jour, j'en disserterai. Flash forward dans ma tête. On arrivee à Genval, la gare où le "FRÖÖD CA COUTE RIEN" m'interpelle toujours. Beaucoup de monde monte cette fois. Mais tous vont derrière moi. J'ai compris le message.

_Des conversations à écouter. L'Enfer c'est les autres.

_On redémarre. Je me bouche les oreilles. Au loin, une éolienne. "C'est pas gratuit ce soir ?" Les gens blaguent avec la contrôleuse derrière moi. Au début, j'ai cru que c'était une avance. Mais non. Les rires des gens. "On devrait faire une journée comme ça !" et nous voilà à la Hulpe. Même cirque, on descend et on siffle. Ces cheveux gris s'agitent un peu dans le vent.

"Bonsoir"

_Le bleu se fait pénétrant. Le train roule en cadence. Il n'y a plus personne à draguer, il n'y a plus rien à faire. Calvaire.

 

4 mai 2014

Monstre

dog



_J'ai ajouté de la musique. C'est plus chaleureux, presque confortable. Ça va, tu t'y sens bien dans mes faiblesses ? Je sais, je n'ai plus l'âge. A 20 ans, on doit se taire ou ricaner. Fini de tirer les cheveux de la poupée, c'est une vraie fille que tu dois maintenant clouer au pieu. Tout à coup, une pensée fulgurante. Ce matin, vers 7h40 :

"On ne nage pas à côté de quelqu'un qui se noie." - Le Père.

_Tout ce que j'entends me choque. Inutile d'expliquer qu'au lieu de boire ses paroles, j'ai bu la tasse. Du café brûlant. J'adore les petits-déjeuners et voir la lumière gagner l'obscurité. Les détails de la cuisine se font explicites. Les crevasses sur ma peau, le grain du papier, les griffures sur l'acier. Maman joue avec la poignée de la porte et me demande si je suis autiste. "Tu dis des bêtises.", ma voix est lointaine. Tout se dessine, se découpe. Les angles dangereux de la table, des armoires. Mise au point de mon regard sur ce qui m'entoure. Cette nappe en cirée jaune, le carrelage, la poubelle en plastique. Ce qui m'entoure est obscène. 

_Ce soir, je retourne en ville. Murs jaunes, klaxons et insomnies. Ça m'excite. J'écris ça si vite que mes doigts effleurent à peine le clavier, déflorent quelques touches avant de ponctuer la phrase. La ville, donc, et ses pizzas à 5€. Sa solitude infinie. C'est pourtant là qu'il me reste mes derniers amis. "Pour combien de temps ?" murmure la Voix quand je referme la porte derrière eux. 

_Aujourd'hui, le Père a mis des fleurs jaunes et rouges sur mon appui de fenêtre. Je me suis endormi un quart d'heure au soleil. Je ne veux pas mais dois répondre à son message. Il faut être "correct" comme il disait. Pourquoi toujours se justifier de ne plus aimer ? Ça a tout détruit pour moi. Je lui ai déjà dit. Il a déjà pleuré.

_Un homme de 36 ans a pleuré dans mes bras en me suppliant de rester et ça ne m'a rien fait.

4 mai 2014

Cool et propre

shark

_Je veux ça, tatoué sur mon torse. Est-ce assez viril pour toi, bébé ? Pourras-tu le supporter ? Grincement de dents. Bruxisme. Encore. Ce n'est vraiment pas ce que je devrais faire à cet instant précis. Retourner voir comment c'était 4 ans auparavant. J'étais con, j'étais jeune. Est-ce que je me regrette ? Je me méprise. Personne ne mesurait à quel point j'étais triste. Parfois, souvent, je regardais mes mains grandes ouvertes et des larmes s'y écrasaient. Ça chatouillait mes paumes que je refermais violemment dans une contraction. J'enfonçais alors mes poings dans mes poches et partait "faire un tour". En réalité, fumer des joints dans le sous-bois. Maintenant, il n'existe même plus. Est-ce que j'y retournerais si ces endroits étaient encore là ? Lieux hantés où les premières expériences se sont faites trop vites et maladroitement. 

_On était ... Quoi ? En cinquième primaire ? Oui je crois que c'est ça. J'assistais à une fellation pour la première fois de ma vie, dans le sous-bois. Il n'était pas venu car nous étions trop jeunes pour ça mais m'avait avoué avoir eu très mal aux couilles. Après sa besogne, la fille m'avait proposé d'être sa prochaine victime. J'ai dit non et j'ai peut-être reculé d'un pas. Pourquoi est-ce que j'étais là ? Est-ce que ça m'avait excité ? Est-ce qu'il me l'avait demandé ? Je ne sais plus.

_Après est venu la haine, la plus forte que j'ai connue pour quelqu'un. Je souhaitais alors des choses insensées, sa douleur et sa mort. Pourtant, je n'ai jamais parlé de cette pipe sous les chênes. J'ai toujours gardé le secret et sa réputation est toujours restée celle d'un garçon cool et propre.

_Ce message se termine dans un rire cassé par l'amertume. Maintenant, ça y est, j'ai vidé mon sac. Ça ne me fait rien. Ça ne me soulage pas. Dans le haut de mon dos, mes nerfs sont toujours à vifs. J'aimerais pouvoir revivre ces scènes et m'insurger.

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"N'est-ce rien que ce rien qui nous délivre de tout" Don Camille dans "Les Souliers de Satin" ( Paul Claudel )
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